Le combat contre l'homophobie est-il encore pertinent ?
Amis pédés, goudous, bis, hétéros, ou je-m'en-foutistes,
Demain, vendredi 17 mai, sera le jour de l'IDAHO. Non pas une fête en l'honneur de l'État Américain, mais l'International Day Against HOmophobia and transphobia — je vous épargne la traduction, c'est assez transparent. L'IDAHO est une journée mondiale de sensibilisation et de mobilisation à laquelle participe la France pour la sixième année. A l'image de la journée mondiale pour la lutte contre le cancer ou la maladie d'Alzheimer, l'IDAHO se veut lutter contre un de ces multiples maux qui gangrènent nos sociétés modernes : les discriminations liées à l'identité de genre et à l'identité sexuelle. Anecdotique comme événement, me direz-vous ? Eh bien non, pas tant que ça ! Grâce au comité IDAHO, le transsexualisme a par exemple été supprimé des maladies mentales par la France en 2009 — une première mondiale ! — et l'OMS en a fait de même l'année suivante sous l'impulsion de la pétulante Roselyne Bachelot et de ses crocs roses. Chaque année, l'IDAHO est ainsi l'occasion de tirer la sonnette d'alarme rouge carmin des discriminations en tout genre.
L'homophobie, une réalité complexe.
Les discriminations liées à l'orientation sexuelle revêtent aujourd'hui de multiples formes. L'homophobie la plus spectaculaire est celle gravée dans certaines lois nationales, inscrites au fronton des institutions. En 2013, encore 84 pays condamnent ainsi pénalement l'homosexualité (ou ses pratiques sexuelles), et 6 d'entre eux la punissent de peine de mort. Bien entendu, un large panel de punition existe, depuis la flagellation, jusqu'à la pendaison, en passant par la prison, l'internement psychiatrique et j'en passe et des pires. Ces réalités paraissent toutefois bien loin depuis notre Occident confortable où l'idée de mariage et d'adoption pour tous a pu voir le jour ici et là. Mais, pour autant, les manifestations homophobes et transphobes sont loin d'être une aiguille dans le foin de la bien-pensance. Que ce soit dans le cadre familial, celui des études, du travail ou de l'espace public comme du web, l'homophobie est bien là et trouve sans cesse de nouveaux moyens d'expression affligeants (pour s'en convaincre, on ira lire avec intérêt le rapport 2012 de SOS Homophobie).
L'homophobie involontaire n'en demeure pas moins blessante.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'homophobie n'émane pas nécessairement d'homophobes convaincus. Si le président zimbabwéen Mugabe et le député UMP Christian Vanneste sont passés maîtres dans l'homophobie institutionnelle — le premier affirmant que « les homosexuels sont un fléau pour l'Afrique » et le second, qu'ils « représentent un danger pour la survie de l'humanité » —, insulter quiconque sur le ton de la plaisanterie de « pédé », « tarlouze », « tapette », ou tout autre terme dont le dictionnaire regorge, n'est pas des plus louables non plus. L'homophobie, comme la définit SOS Homophobie, désigne « toute manifestation de mépris, rejet et haine envers des personnes, des pratiques ou des représentations homosexuelles ou supposées l'être. Est ainsi homophobe toute organisation ou individu rejetant l'homosexualité et les homosexuel(le)s, et ne leur reconnaissant pas les mêmes droits qu'aux hétérosexuel(le)s. » Par conséquent, toute invectice, geste ou propos à connotation intentionnellement ou non homophobe participe à une atmosphère de mépris plus large qui fait le malheur des LGBT* et des associations de lutte contre l'homophobie. Rappelons-le : les tentatives de suicide sont 4 à 7 fois plus fréquentes chez les populations homosexuelles que chez les populations hétérosexuelles — et ce ratio est encore plus important chez les jeunes… Sans aller jusqu'au suicide, cette environnement est souvent la cause d'un mal-être et d'une perte de confiance en soi par lesquels majorité de jeunes LGBT sont passés.
En cette veille d'IDAHO, pensez donc à cette homophobie et transphobie qui se manifestent tous les jours (parfois innocemment sur notre rutilant campus) et demandez-vous s'il est bien nécessaire d'en rajouter un peu plus — même par des mots que vous croyez anodins. Si vous ne la percevez pas, essayez pendant au moins un jour de prêter une oreille aux propos autour de vous. Vous effleurerez alors le ressenti que peut être celui des LGBT au quotidien.
Quentin, pour centraLeGBT
P.S. : Les amateurs de BD trouveront plein de chouettes planches consacrées à cette journée de lutte par de très talentueux dessinateurs : www.projet17mai.com. Un premier apperçu ci-dessous !
* Lesbiennes, Gays, Bis, Trans
Demain, vendredi 17 mai, sera le jour de l'IDAHO. Non pas une fête en l'honneur de l'État Américain, mais l'International Day Against HOmophobia and transphobia — je vous épargne la traduction, c'est assez transparent. L'IDAHO est une journée mondiale de sensibilisation et de mobilisation à laquelle participe la France pour la sixième année. A l'image de la journée mondiale pour la lutte contre le cancer ou la maladie d'Alzheimer, l'IDAHO se veut lutter contre un de ces multiples maux qui gangrènent nos sociétés modernes : les discriminations liées à l'identité de genre et à l'identité sexuelle. Anecdotique comme événement, me direz-vous ? Eh bien non, pas tant que ça ! Grâce au comité IDAHO, le transsexualisme a par exemple été supprimé des maladies mentales par la France en 2009 — une première mondiale ! — et l'OMS en a fait de même l'année suivante sous l'impulsion de la pétulante Roselyne Bachelot et de ses crocs roses. Chaque année, l'IDAHO est ainsi l'occasion de tirer la sonnette d'alarme rouge carmin des discriminations en tout genre.
L'homophobie, une réalité complexe.
Les discriminations liées à l'orientation sexuelle revêtent aujourd'hui de multiples formes. L'homophobie la plus spectaculaire est celle gravée dans certaines lois nationales, inscrites au fronton des institutions. En 2013, encore 84 pays condamnent ainsi pénalement l'homosexualité (ou ses pratiques sexuelles), et 6 d'entre eux la punissent de peine de mort. Bien entendu, un large panel de punition existe, depuis la flagellation, jusqu'à la pendaison, en passant par la prison, l'internement psychiatrique et j'en passe et des pires. Ces réalités paraissent toutefois bien loin depuis notre Occident confortable où l'idée de mariage et d'adoption pour tous a pu voir le jour ici et là. Mais, pour autant, les manifestations homophobes et transphobes sont loin d'être une aiguille dans le foin de la bien-pensance. Que ce soit dans le cadre familial, celui des études, du travail ou de l'espace public comme du web, l'homophobie est bien là et trouve sans cesse de nouveaux moyens d'expression affligeants (pour s'en convaincre, on ira lire avec intérêt le rapport 2012 de SOS Homophobie).
L'homophobie involontaire n'en demeure pas moins blessante.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'homophobie n'émane pas nécessairement d'homophobes convaincus. Si le président zimbabwéen Mugabe et le député UMP Christian Vanneste sont passés maîtres dans l'homophobie institutionnelle — le premier affirmant que « les homosexuels sont un fléau pour l'Afrique » et le second, qu'ils « représentent un danger pour la survie de l'humanité » —, insulter quiconque sur le ton de la plaisanterie de « pédé », « tarlouze », « tapette », ou tout autre terme dont le dictionnaire regorge, n'est pas des plus louables non plus. L'homophobie, comme la définit SOS Homophobie, désigne « toute manifestation de mépris, rejet et haine envers des personnes, des pratiques ou des représentations homosexuelles ou supposées l'être. Est ainsi homophobe toute organisation ou individu rejetant l'homosexualité et les homosexuel(le)s, et ne leur reconnaissant pas les mêmes droits qu'aux hétérosexuel(le)s. » Par conséquent, toute invectice, geste ou propos à connotation intentionnellement ou non homophobe participe à une atmosphère de mépris plus large qui fait le malheur des LGBT* et des associations de lutte contre l'homophobie. Rappelons-le : les tentatives de suicide sont 4 à 7 fois plus fréquentes chez les populations homosexuelles que chez les populations hétérosexuelles — et ce ratio est encore plus important chez les jeunes… Sans aller jusqu'au suicide, cette environnement est souvent la cause d'un mal-être et d'une perte de confiance en soi par lesquels majorité de jeunes LGBT sont passés.
En cette veille d'IDAHO, pensez donc à cette homophobie et transphobie qui se manifestent tous les jours (parfois innocemment sur notre rutilant campus) et demandez-vous s'il est bien nécessaire d'en rajouter un peu plus — même par des mots que vous croyez anodins. Si vous ne la percevez pas, essayez pendant au moins un jour de prêter une oreille aux propos autour de vous. Vous effleurerez alors le ressenti que peut être celui des LGBT au quotidien.
Quentin, pour centraLeGBT
P.S. : Les amateurs de BD trouveront plein de chouettes planches consacrées à cette journée de lutte par de très talentueux dessinateurs : www.projet17mai.com. Un premier apperçu ci-dessous !
* Lesbiennes, Gays, Bis, Trans