Don du sang à Centrale : les gays exclus
Très cher(e) ami(e) Centralien(ne),
Tu as été, je l’espère, donner ton sang lors de la collecte organisée mardi et mercredi sur ton campus. Bien sûr, comme John Cagnol te l’a enseigné, la générosité, le partage, l’altruisme, le don de soi font partie des valeurs centraliennes, valeurs qu’en tant que futur leader, entrepreneur et/ou innovateur, tu as à cœur d’incarner.
Oui, nombre d’entre nous ont surmonté la peur de la grosse aiguille pour accomplir un acte primordial et aider ceux qui en ont besoin. On n’y pense pas forcément, mais dans les milieux hospitaliers, c’est un besoin qui se fait ressentir au quotidien. Les stocks sont souvent fragiles, et d’autant plus que les poches de sang ont une durée de vie limitée ; les plaquettes, par exemple, ne peuvent être conservées que durant cinq jours.
Cependant, malgré les sonnettes d’alarmes régulièrement tirées par l’Établissement Français du Sang (EFS), celui-ci persiste à se priver de la contribution de près de 10% de la population masculine.
Tout homme ayant eu des relations sexuelles avec un autre homme, peu importe la date ou les circonstances, ne peut donner son sang en France.
Pour mettre tout de suite cette interdiction en perspective, rappelons qu’un rapport non protégé, avec un ou plusieurs partenaires, éventuellement inconnus, n’empêche de donner son sang que durant les quatre mois suivant l’acte.
En effet, les lois ont évolué, en même temps que la demande croissante en sang et la précision des tests de contamination. Pour autant, les homosexuels sont toujours sous le coup d’une loi de 1983, époque à laquelle les circonstances étaient profondément différentes. Rappelons que l’homosexualité était considérée comme une maladie par l’OMS jusqu’en 1993. De plus, à l’époque, nous étions beaucoup moins bien informés sur le VIH, et nos tests étaient bien moins performants.
Il est certes vrai que les homosexuels constituent toujours une population à risque si l’on se base uniquement sur les statistiques utilisées par l’EFS. Et pourtant… il y a deux fois moins de risques que parmi les ressortissants d’Afrique subsaharienne, autorisés à donner leur sang au bout de trois mois de résidence en France – on se demande alors si les décisions sont bien basées uniquement sur les statistiques, comme le prétendent souvent les partisans de cette interdiction.
Mais, par-delà ces incohérences, pour être vraiment objectif, ne vaudrait-il pas mieux distinguer comportement et population ? Les chiffres pris en compte par l’EFS reposent sur l’ensemble de la population homosexuelle et ne prennent notamment pas en compte la baisse de ce risque avec certains critères aussi simples que la monogamie ou la date de la dernière relation sexuelle. Or, au-delà des statistiques, et des populations, mis à part les abstinents, le risque zéro n’existe que si l’on est engagé dans une relation monogame fidèle, et ce indépendamment de l’orientation sexuelle.
Au-delà de la question de discrimination et de stigmatisation d’une population, le cœur du débat est la question de santé publique. Les critères appliqués aujourd’hui se basent-ils uniquement sur des considérations statistiques, ou ne reposent-ils pas sur de vieux préjugés tenaces ?
Le débat est véritablement ouvert. En Espagne et en Italie, le don du sang est ouvert aux homosexuels sous certaines conditions. Au Canada, c’est le cas depuis peu… sous réserve d’une abstinence de cinq ans de la part du donneur. En France, Marisol Touraine, actuelle ministre de la santé, s’est déclarée contre une modification de cette loi, contredisant ses promesses antérieures. Pourtant, elle a encore reçu cet été un rapport issu de la communauté médicale remettant en cause cette loi. Il se pourrait cependant qu’après une action en justice datant de mardi dernier, la Cour de justice de l’Union européenne intervienne dans les mois qui viennent au sujet de la loi française.
Mettons que votre maman, votre chéri(e) ou encore votre petit frère ait besoin d’un transfert de sang en urgence (bien sûr on ne vous le souhaite pas et Centrale se ferait un plaisir de puiser dans ses réserves, mais mettons).
Mettons que l’on vous propose le sang d’un jeune homosexuel, en relation stable et monogame depuis plusieurs années, ou encore d’un homosexuel n’ayant jamais eu de rapport non protégé, abstinent depuis plusieurs semaines ou mois, dépisté et déclaré négatif il y a un moment.
Mettons qu’à présent, on vous propose le sang d’un hétérosexuel habitué du bordel du coin, qui n’a pas utilisé de préservatifs depuis un certain temps, mais n’a pas eu de nouveau partenaire depuis quatre mois… Vous prendriez quoi ? La loi, elle, a déjà fait ce choix pour vous.
Les patients n’ont pas à souffrir des préjugés d’autrui.
Kamel pour CentraLeGBT
Tu as été, je l’espère, donner ton sang lors de la collecte organisée mardi et mercredi sur ton campus. Bien sûr, comme John Cagnol te l’a enseigné, la générosité, le partage, l’altruisme, le don de soi font partie des valeurs centraliennes, valeurs qu’en tant que futur leader, entrepreneur et/ou innovateur, tu as à cœur d’incarner.
Oui, nombre d’entre nous ont surmonté la peur de la grosse aiguille pour accomplir un acte primordial et aider ceux qui en ont besoin. On n’y pense pas forcément, mais dans les milieux hospitaliers, c’est un besoin qui se fait ressentir au quotidien. Les stocks sont souvent fragiles, et d’autant plus que les poches de sang ont une durée de vie limitée ; les plaquettes, par exemple, ne peuvent être conservées que durant cinq jours.
Cependant, malgré les sonnettes d’alarmes régulièrement tirées par l’Établissement Français du Sang (EFS), celui-ci persiste à se priver de la contribution de près de 10% de la population masculine.
Tout homme ayant eu des relations sexuelles avec un autre homme, peu importe la date ou les circonstances, ne peut donner son sang en France.
Pour mettre tout de suite cette interdiction en perspective, rappelons qu’un rapport non protégé, avec un ou plusieurs partenaires, éventuellement inconnus, n’empêche de donner son sang que durant les quatre mois suivant l’acte.
En effet, les lois ont évolué, en même temps que la demande croissante en sang et la précision des tests de contamination. Pour autant, les homosexuels sont toujours sous le coup d’une loi de 1983, époque à laquelle les circonstances étaient profondément différentes. Rappelons que l’homosexualité était considérée comme une maladie par l’OMS jusqu’en 1993. De plus, à l’époque, nous étions beaucoup moins bien informés sur le VIH, et nos tests étaient bien moins performants.
Il est certes vrai que les homosexuels constituent toujours une population à risque si l’on se base uniquement sur les statistiques utilisées par l’EFS. Et pourtant… il y a deux fois moins de risques que parmi les ressortissants d’Afrique subsaharienne, autorisés à donner leur sang au bout de trois mois de résidence en France – on se demande alors si les décisions sont bien basées uniquement sur les statistiques, comme le prétendent souvent les partisans de cette interdiction.
Mais, par-delà ces incohérences, pour être vraiment objectif, ne vaudrait-il pas mieux distinguer comportement et population ? Les chiffres pris en compte par l’EFS reposent sur l’ensemble de la population homosexuelle et ne prennent notamment pas en compte la baisse de ce risque avec certains critères aussi simples que la monogamie ou la date de la dernière relation sexuelle. Or, au-delà des statistiques, et des populations, mis à part les abstinents, le risque zéro n’existe que si l’on est engagé dans une relation monogame fidèle, et ce indépendamment de l’orientation sexuelle.
Au-delà de la question de discrimination et de stigmatisation d’une population, le cœur du débat est la question de santé publique. Les critères appliqués aujourd’hui se basent-ils uniquement sur des considérations statistiques, ou ne reposent-ils pas sur de vieux préjugés tenaces ?
Le débat est véritablement ouvert. En Espagne et en Italie, le don du sang est ouvert aux homosexuels sous certaines conditions. Au Canada, c’est le cas depuis peu… sous réserve d’une abstinence de cinq ans de la part du donneur. En France, Marisol Touraine, actuelle ministre de la santé, s’est déclarée contre une modification de cette loi, contredisant ses promesses antérieures. Pourtant, elle a encore reçu cet été un rapport issu de la communauté médicale remettant en cause cette loi. Il se pourrait cependant qu’après une action en justice datant de mardi dernier, la Cour de justice de l’Union européenne intervienne dans les mois qui viennent au sujet de la loi française.
Mettons que votre maman, votre chéri(e) ou encore votre petit frère ait besoin d’un transfert de sang en urgence (bien sûr on ne vous le souhaite pas et Centrale se ferait un plaisir de puiser dans ses réserves, mais mettons).
Mettons que l’on vous propose le sang d’un jeune homosexuel, en relation stable et monogame depuis plusieurs années, ou encore d’un homosexuel n’ayant jamais eu de rapport non protégé, abstinent depuis plusieurs semaines ou mois, dépisté et déclaré négatif il y a un moment.
Mettons qu’à présent, on vous propose le sang d’un hétérosexuel habitué du bordel du coin, qui n’a pas utilisé de préservatifs depuis un certain temps, mais n’a pas eu de nouveau partenaire depuis quatre mois… Vous prendriez quoi ? La loi, elle, a déjà fait ce choix pour vous.
Les patients n’ont pas à souffrir des préjugés d’autrui.
Kamel pour CentraLeGBT